Il y a bien des manières d’organiser un congrès, comme il y a bien des façons de se proclamer démocrate. On peut convier des adeptes à venir recevoir les consignes des chefs, sans débat, ou bien organiser une grande confrontation ou l’on s’entre-déchire pour s’attirer telle ou telle clientèle.
Personne ne sera surpris si le congrès du Mouvement Démocrate les 23 et 24 mars à Blois n’a de similitude, ni de près, ni de loin avec l’une ou l‘autre de ces manières. Notre mouvement n’est ni un parti autoritaire, ni une fédération de clans, mais un parti libre de compagnons aux tempérament divers, unis par une même volonté et une même vérité, mais qui n’ignorent cependant pas qu’il existe des vérités opposées.
Nous n’appartenons pas à ces partis champignons qui apparaissent au hasard des ambitions personnelles. Le Mouvement Démocrate plonge ses racines dans l’histoire de France aussi un congrès, pour nous, n’est qu’une étape. Du Sillon de Marc Sangnier à l’Europe construite par une génération clairvoyante, les démocrates incarnent un courant de pensée à part entière dans la vie politique française, un mouvement réformateur au service d’un idéal humaniste.
Et en dépit des défaites, des divisions ou des tragédies, les démocrates ont joué un rôle crucial tout au long du XXème siècle pour préserver la République, unir la nation, réformer la France et bâtir l’Europe.
Reconnaissons cependant qu’il n’est pas toujours aisé de se tenir au centre. C’est un lieu parfois mal famé, ou l’on retrouve les tièdes aux convictions variables et les malins qui aiment soutenir les gagnants pour préserver leur rente. Mais ce n’est pas parce qu’il existe de faux centristes que le courant de pensée démocrate, lui, n’existe pas. Et puisque que ce congrès intervient 100 ans après la création du premier parti démocrate en 1924, plusieurs de nos combats passés méritent d’être rappelés :
-dès 1924, le Parti Démocrate Populaire (PDP) défend le droit de vote des femmes et une action résolue en faveur de la nature*
-1929 : le PDP dépose une proposition de loi pour instaurer un statut légal des salariés
-1932 : il prend l’initiative d’une loi qui rendra les allocations familiales universelles
-1938 : les Démocrates Populaires s’opposent aux accords de Munich
-1940 : les démocrates-chrétiens sont parmi les premiers résistants à rejoindre De gaulle (De Menthon, Coste-Floret, Teitgen, Lecourt…)
-entre 1945 et 1946 : la nation fait confiance au Mouvement Républicain Populaire (MRP) pour mettre fin à la IIIème République, pour repousser le projet de constitution communiste ouvrant la voie à une dictature de la majorité et enfin pour adopter une nouvelle constitution pour la première fois soumise au suffrage universel
-9 mai 1950 : Robert Schuman (MRP) propose la création d’une Communauté européenne du charbon et de l’acier : l’Europe est née.
-1974 : le réformisme libéral de VGE change la vie des Françaises et des Français.
Plus récemment, l’UDF puis le Mouvement Démocrate, présidés par François Bayrou, ont refusé de se fondre dans un grand parti de droite, ouvrant ainsi la voie à la reconstruction une force centrale indépendante, garante du pluralisme et capable de gouverner de nouveau.
Pour faire cela, nous n’étions certes pas seuls mais nous n’étions pas très nombreux non plus. Le succès était en nous, et n’était parfois qu’en nous. C’est pourquoi un congrès, pour nous, c’est aussi l’occasion de se souvenir des épreuves. Elles nous invitent à traverser les périodes de réussite avec modestie, et les tempêtes avec une patience résolue. « Le calme des vieilles troupes » disait souvent mon ami Joan Taris.
Ce congrès sera un libre dialogue organisé publiquement entre un parti et ses militants. Des femmes et des hommes dont la vocation consiste notamment à changer la vie publique, pour qui le sens de l’État surplombe les préoccupations partisanes, donneront à nos débats, j’en suis sûr, un sens particulier.
Quel meilleur climat peut-on souhaiter que celui-ci ? J’ai hâte de vous retrouver à Blois !
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*Georges Thiboult, président fondateur du PDP est vice-président de la Société nationale d’acclimatation qui a pour but la protection des espèces animales et végétales sauvages ainsi que les milieux naturels.
