Je suis frappé par la violence avec laquelle démarre cette campagne présidentielle. Une violence à la fois verbale, parfois physique et souvent sociale qui ne laisse rien préjuger de bon lorsque nous approcherons du sprint final. 
A trop flatter les vils instincts de l’être humain, on ne maîtrise plus rien. Je suis rarement pessimiste -et encore moins mystique- mais ce contexte me fait craindre un incident plus grave encore. Je ne sais pas dire lequel mais qui pensait possible, pour une bande de complotistes folkloriques, d’envahir le congrès américain ? C’est précisément au cœur de tensions électorales et politiques extrêmes que cet assaut contre une institution démocratique coûta la vie à 5 américains.

Les mots sont choisis pour diviser, blesser et surtout plaire aux réseaux sociaux, véritables caisses de résonnance. Ils deviennent des armes incontrôlables.

Les sondages, toujours plus nombreux, toujours plus volatiles, toujours plus utilisés telles des prophéties auto-réalisatrices « chauffent à blanc » les militants déjà excités de chaque camp, alors que nous sommes si loin de l’échéance. 

Le débat semble s’organiser autour d’une prime à l’excès. Et pour gagner des parts d’audience dans ce jeu dangereux, il faut aller toujours plus loin que l’adversaire.

Alors chacun y va.

Rétablir la peine de mort ?

Interdire les licenciements ?

Quitter l’Union Européenne ?

Quelles digues devront encore céder avant que vienne la désescalade ? Celle-ci sera-t-elle douce ou (très) brutale ?

A la fin de ce jeu, il n’y a que des perdants, la République en tête.  

Vous pourriez penser que ce billet d’humeur est écrit suite aux images du premier meeting d’Eric Zemmour. Elles sont choquantes, bien sûr. Mais en vérité, j’ai ce sentiment depuis déjà de nombreuses semaines. Je considère notamment que Jean-Luc Mélenchon a une responsabilité plus lourde et plus ancienne que les autres dans ce contexte inquiétant. Et je pense que les formules à l’emporte-pièce d’Éric Ciotti et Sandrine Rousseau ont ceci de commun qu’elles divisent le pays en groupes et sous-groupes prétendument non-égaux, elles opposent les français les uns aux autres, sans apporter aucune solution aux problèmes de notre temps. Cette stigmatisation est particulièrement brutale pour les personnes visées : elle génère une violence sourde et moins perceptible mais en réalité encore plus dangereuse si elle explose le moment venu.

Et pour terminer de justifier mon inquiétude, ce climat de violence émerge au moment précis où notre pays devra choisir son Président, au moment précis où il sera le plus exposé aux ingérences étrangères, notamment via les réseaux sociaux et les piratages divers. Ne soyons pas naïfs : qu’il s’agisse d’État-voyous ou d’entités terroristes, de telles tentatives existeront, comme en 2017, mais avec plus de force sans doute.  

Face à cela, je n’éprouve aucune résignation. Au contraire, ma motivation est intacte pour défendre les valeurs démocratiques. Mais vite, ressaisissons-nous.

 

 

Pendant que j’écris ce billet, j’apprends que Bernard Denis, maire MoDem de Saint-Côme-du-Mont, a été violemment agressé.

Dans la nuit du 6 au 7 décembre 2021, le domicile du maire a été la cible d’un incendie volontaire. Son appartenance politique, son soutien au gouvernement, sont les motifs affichés par les agresseurs (cf. photo qui illustre ce billet).

 

 

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