Par courrier, j’ai souhaité interpeller les Député(e)s bordelais concernant la situation des livreurs à vélo que j’ai reçus en Mairie le 7 juillet dernier.
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Madame la Députée, Monsieur le Député,
Se faire livrer à domicile un repas de qualité, rapidement, après une longue journée de travail est incontestablement une amélioration de la qualité de vie des Français; encore que l’on pourrait légitimement s’interroger sur les conséquences, à long terme, de ces transformations sur le commerce de proximité et la convivialité qu’il génère, tout particulièrement dans une ville comme Bordeaux, dont il est le premier employeur.
Interpellé par leur situation, j’ai reçu des représentants des « coursier à vélo » le 7 juillet dernier en Mairie. Leur récit est édifiant : s’ils soulignent tous leur attachement au statut d’indépendant et à la souplesse qu’il permet, une réelle dégradation de leurs conditions de travail est à l’œuvre, tout particulièrement depuis la disparition de l’enseigne « Take it Easy » : baisse de rémunération, augmentation du « turn-over », « licenciement » par sms, dialogue social inexistant…
Mais le plus préoccupant est ailleurs : le manque de lisibilité des critères de rémunération laisse penser que la rapidité de livraison sera demain le critère premier. Au détriment naturellement de la sécurité routière des coursiers, comme des autres usagés de l’espace public. Les élus locaux sont de plus en plus préoccupés par le comportement (souvent forcé) des vélos-livreurs dans nos rues.
L’usage du statut d’auto-entrepreneur, qu’il convient de protéger, semble détourné dans ce cas, au profit d’un salariat “low cost”. L’économie collaborative ne saurait être une nouvelle loi de la jungle.
Alors qu’ils manifestent aujourd’hui devant le siège d’une importante enseigne à Bordeaux, je souhaiterais connaître votre position en tant que législateur et les propositions que vous pourriez faire pour changer cette situation. La réforme du code du travail actuellement débattue devrait permettre de traiter cette question, sans dogmatisme.
Pour ma part, je pense qu’il est nécessaire de conserver ce service commercial de qualité tout en évitant ce détournement du statut d’auto-entrepreneur. Cela passe par un cadre contractuel plus juste qui garantisse aux françaises et aux français, souvent jeunes, qui choisissent cette profession, définitivement ou temporairement, des droits et des devoirs, sans quoi la loi du plus fort continuera d’être leur quotidien.
Recevez, Madame la Députée, Monsieur le Député, l’expression de tout mon respect.
Fabien Robert