« Savant dans un siècle d’ignorance, philosophe parmi des fanatiques, qui peint sous son nom nos faiblesses et nos folies ». Existe-t-il mots plus appropriés que ceux de Voltaire pour décrire Michel de Montaigne, humaniste, philosophe et homme de lettres ? Hier soir, au Musée d’Aquitaine, à l’emplacement même du couvent des Feuillants où il fut inhumé en 1592, une foule dense et joyeuse se pressait pour découvrir le cénotaphe restauré du premier de nos 3 « M ».
Ce monument est l’une des œuvres majeures des collections du Musée d’Aquitaine, classé au titre des monuments historiques. Commandé par la femme du défunt en 1593, le cénotaphe pris place dans la chapelle du Lycée de Bordeaux, puis dans le hall de la faculté des Sciences et des Lettres, devenue « Musée d’Aquitaine » en 1980. En 400 ans d’existence, le cénotaphe a connu bien des aventures, un déménagement, un incendie puis des restaurations hasardeuses qui l’ont conduit à une grande fragilité. Une restauration était devenue indispensable.
Afin d’engager celle-ci, le Musée d’Aquitaine a lancé une campagne de financement participatif « Cultivons l’humanisme » sur la plateforme Commeon, accompagnée d’une communication digitale orchestrée par l’agence Médiacrossing, qui grâce aux 316 donateurs a pu récolter 21 942 €. Complétant ainsi l’apport du mécénat de compétence médiacrossing de 25 000€, le don de la Fondation BNP Paribas de 30 000€, la participation de la DRAC à hauteur de 9 000 € et celle des amis du Musée à hauteur de 3 120€.
La restauration confiée à l’atelier du Rouge Gorge a mobilisé trois conservateurs-restaurateurs et Amandine Bely, tailleuse de pierre au Musée d’Aquitaine, durant 70 jours. Au-delà des opérations de nettoyage, de dégagements des ragréages anciens et du comblement des joints, le travail de restauration a nécessité d’importantes investigations scientifiques telles que l’imagerie par scan et la photogrammétrie : de véritables prouesses techniques !
Aujourd’hui, la salle d’exposition ouvre temporairement au public car le musée prévoit des aménagements complémentaires autour du monument restauré avec une nouvelle scénographie et une mise en lumière singulière.
Je tiens à féliciter toutes les personnes qui se sont investies pour le succès ce beau projet.
Hier soir, la foule nombreuse nous rappelait, si besoin était, que faire vivre le souvenir et la pensée de Montaigne est un devoir bordelais auquel nous sommes tous très attachés. Espérons que son esprit empreint de modération et de tolérance continue longtemps d’irriguer notre cité !