1. Depuis la fermeture du pont au automobilistes, y a t il moins de transit aux heures de pointe ?
Non, au contraire, il y a plus de passage aujourd’hui par le pont de Pierre aux heures de pointe qu’avant sa fermeture aux voitures :
Comme je l’ai précisé hier matin, le pont de pierre, avant sa fermeture aux voitures, était le 3ème bouchon de la métropole hors rocade, et ne représentait que 3% des franchissements de la Garonne à l’heure de pointe le matin entre la rive droite et la rive gauche, chiffre qui s’explique par la capacité très limitée du pont de pierre (seulement 500 véhicules/heure à l’heure de pointe).
Aujourd’hui, si on prend en compte les usagers tous modes (vélos, piétons, transports en commun), le pont de pierre est devenu le 3ème pont le plus utilisé le matin pour franchir la Garonne avec plus de 5000 personnes à l’heure de pointe du matin, de la rive droite vers la rive gauche: il est certes moins utilisé que le pont Mitterrand et que le pont d’Aquitaine (entre 6 et 7 000 personnes à l’heure de pointe), mais plus que le pont St Jean (4000 personnes) et que le pont Chaban-Delmas (moins de 2000 personnes).
Cette situation résulte d’un report modal important et de l’impact des mesures mises en oeuvre jusqu’ici dont certaines peuvent encore être optimisées:
On note d’abord un très fort report modal de la voiture vers le vélo et la marche à pied : les très fortes fréquentations cyclistes et piétons sur le pont de pierre observées à l’automne 2016 se sont confirmées. Pour les cyclistes, la fréquentation moyenne des jours ouvrés est située au-delà de 9.000 cyclistes/jour (moindre en cas de mauvais temps, mais beaucoup plus élevée par beau temps), soit une progression d’environ 20% liée à l’expérimentation.
Pour les piétons, la progression est encore plus forte : en juin, le pont a accueilli jusqu’à 7000 piétons/jour, auxquels il faut ajouter 800 joggeurs environ.
Ce report modal est cependant fragile : une enquête réalisée le 6 juin dernier auprès de plus de 1000 cyclistes et piétons a permis de mettre en avant qu’une part importante des cyclistes et piétons sur le pont (> 15%) ont abandonné la voiture grâce à l’expérimentation, ce qui permet d’éviter chaque jour plus de 3000 franchissements de la Garonne en voiture, mais que la très grande majorité (> 80%) reviendrait en arrière si le pont était rouvert à la circulation.
On observe aussi un impact positif sur les transports en commun avec une hausse très forte de la ligne A (+9% en 2017, et déjà, +8% sur les 4 premiers mois de 2018), hausse qui devrait s’amplifier avec le rajout de 2 trams supplémentaire par heure, toute la journée, de la rive droite vers la rive gauche à partir de la rentrée et une progression de 27% pour la ligne de bus 24.Le report vers le tram est facilité aussi par l’ajout de 100 places de P+R sur le parking Galin début juin ce qui permet à des personnes de reprendre le tram, ce qu’elles ne faisaient plus par manque de places de stationnement.
On note aussi un meilleur fonctionnement de la navette Arena pour desservir la grande salle de spectacle.
2. Quel impact pour les activités commerciales situées place Stalingrad, avenue Thiers et Jean Jaures et pour les usagers ?
Les deux enquêtes réalisées par la CCI auprès de 133 responsables de commerces, cafés, restaurants ou autres activités commerciales d’une part et auprès de 404 usagers de cet axe ont mis en évidence les éléments suivants :
-les responsables d’établissements commerciaux restent pour 67% d’entre eux, défavorables à l’expérimentation (mais 18% sont sans avis) et déclarent pour 54% d’entre eux avoir perdu du chiffre d’affaires (l’enquête s’appuyait sur le recueil de déclaration uniquement), les commerces de flux (tabac presse, pharmacie…) étant les plus impactés.
-les usagers de l’axe sont à l’inverse majoritairement pour laisser le pont fermé aux voitures. Seulement 14% d’entre eux se déplacent en voiture ou en deux roues motorisées, contre 24% en modes doux et 62% en transports en commun.
-l’attente la plus forte commune aux deux panels interrogés porte sur le stationnement et sur la capacité à circuler sur l’ensemble de l’axe.
Des mesures d’amélioration restent à optimiser.
3. La circulation s’est elle détériorée ou améliorée sur les autres axes ?
C’est une amélioration qui est observée grâce aux nouvelles mesures mises en place depuis janvier :
– la mise à 2×4 voies du pont Mitterrand depuis le 20 juin et l’ouverture récente de la nouvelle bretelle du pont St Jean ont permis de réduire les niveaux de congestion constatés à l’automne 2017 entre la rive droite et la rive gauche et de revenir à la situation observée à l’automne 2016, alors même que le nombre de déplacements a depuis lors fortement augmenté. Les gains observés sont importants, de l’ordre de 10 à 20% de temps de parcours en moins entre l’automne 2017 et le printemps 2018. En particulier, la bretelle du pont St Jean permet d’écouler 200 véhicules/heure en plus qu’en janvier.
Il faut noter, et c’est un élément très important pour Bordeaux, que si le plan d’actions circulation a donné de bons résultats en rive droite, l’afflux de véhicules supplémentaires en rive gauche a dégradé les gains qui y avaient été observés à l’automne 2017. Les véhicules en plus qui pénètrent rive gauche font que, sur le cours Victor Hugo notamment, la circulation est toujours meilleure qu’à l’automne 2016 mais un peu moins bonne qu’à l’automne 2017.
Il faut aussi prendre en compte les nouvelles mesures positives sur la rocade qui sont prévues dans les mois à venir pour continuer à améliorer la situation.
Les travaux de la trémie rive gauche du futur pont Simone Veil causent aujourd’hui des difficultés mais doivent s’achever au printemps 2019.
Reste sur les quais rive gauche l’optimisation sans doute possible des travaux de transformation de l’autoroute actuelle en boulevard urbain, transformation indispensable et prévue depuis 2008.
4. La qualité de l’air s’est elle améliorée ?
La ville a demandé à l’ATMO Nouvelle Aquitaine (ex Airaq) une étude complète qui met en évidence les éléments suivants : la pollution de l’air (NO2 = dioxyde d’azote, polluant fortement corrélé au trafic routier) a fortement diminué sur l’avenue Thiers et le cours Victor Hugo.
En revanche, on observe une dégradation sur le boulevard Joliot Curie, mais globalement, il y a plus de gagnants que de perdants, compte tenu de la densité de population plus forte sur le 1er périmètre (15.650 habitants) que sur le second (9.390 habitants). Par ailleurs, l’amélioration progressive du parc de véhicules et la mise à la casse des véhicules de plus de 20 ans (les «non classés» au sens de la pastille Crit’air) va aussi jouer un rôle favorable pour tous : les projections de l’ATMO à 5 ans à trafic constant prévoient une baisse des émissions de 18% environ.
5. Que pensent les Bordelais ?
Depuis la mise en ligne du sondage Sud Ouest depuis le 22 juin, le pourcentage en faveur du maintien de la fermeture du pont de Pierre aux voitures ne cesse de progresser (plus de 60% d’avis favorable à la fermeture).
Pour terminer, il faut préciser que toutes les solutions alternatives ont été étudiées (réouverture partielle, réouverture sur un seul sens, autorisation de circuler pour les scooters électriques, voitures électriques, en autopartage…) et présentent toutes un impact plus négatif que positif.