Depuis son élection, le maire de Bordeaux semble considérer le conseil municipal comme une simple chambre d’enregistrement. Des dossiers majeurs, qui concernent directement la vie des Bordelaises et des Bordelais, sont traités sans véritable débat avec les élus censés représenter les citoyens. Le conseil est d’ailleurs convoqué moins souvent qu’auparavant et l’ordre du jour -sur lequel les élus minoritaires ne sont pas consultés- est souvent famélique. Si bien qu’il m’arrive de me demander, parfois, à quoi sert vraiment notre conseil municipal…

Le conseil municipal est, en principe, le cœur de la démocratie locale. En toute transparence, il est chargé de régler par ses délibérations les affaires de la commune. Il vote le budget, il peut créer et supprimer des services publics municipaux, décider des travaux, gérer le patrimoine communal, accorder des aides… Quelle que soit l’importance démographique de la commune, tout conseiller municipal, dans le cadre de sa fonction, doit être informé des affaires de la commune. Hélas, à Bordeaux, ce n’est pas le cas : plusieurs décisions majeures ont été imposées sans concertation préalable ni débat approfondi au sein de cette instance essentielle.

Prenons trois exemples :

– l’armement de la police municipale : sujet hautement sensible, il aurait mérité une consultation approfondie des élus et des habitants. Au lieu de cela, la décision a été prise en catimini, laissant de côté toute réflexion collective. Pire, 48 heures avant l’annonce de sa décision, le maire n’a pas jugé bon d’en parler devant son conseil municipal pourtant réuni…

– l’extinction de l’éclairage public la nuit : si l’objectif environnemental peut sembler louable, une telle mesure soulève des questions de sécurité et d’accessibilité. Là encore, pas de débat en conseil et aucune étude d’impact. De nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour revenir en arrière, comme plusieurs communes l’ont déjà fait (Le Bouscat par exemple) tout en proposant des alternatives comme l’éclairage à détection. Hélas, aucun débat en conseil municipal…

– la destruction du Hall 2 du Parc des expositions : ce projet concerne une infrastructure majeure et icononique de notre ville. Elle engage par ailleurs l’avenir de l’économie locale. Nous avons appris sa destruction par hasard, au détour d’une discussion en conseil de Bordeaux Métropole et non lors d’un débat au sein du conseil municipal…

Sur ces 3 décisions, ne pas consulter l’assemblée des élus n’est pas illégal. Le maire peut décider seul. Mais est-ce bien moral ? 

Paradoxalement, des décisions secondaires (comme les livres rendus en retard dans les bibliothèques ou bien encore la fixation du prix de vente d’un catalogue d’exposition) donnent lieu à des délibérations…

Plus généralement, je regrette que le maire Pierre Hurmic gouverne par des décisions unilatérales*, reléguant les élus de l’opposition – mais aussi de la majorité – au rôle de figurants. Cette manière d’exercer le pouvoir s’apparente à une forme de mépris pour les institutions démocratiques et pour les citoyens eux-mêmes.

La démocratie locale ne peut fonctionner que si elle repose sur la participation active et la coresponsabilité des élus et des citoyens. Bordeaux mérite mieux qu’une gestion opaque et autoritaire. Nous voulons une ville où chaque voix compte, où chaque décision est débattue et expliquée.

Voici pourquoi j’ai décidé d’écrire au maire afin qu’il s’engage à rétablir la place du conseil municipal comme lieu central du débat démocratique, y compris sur des sujets où il pourrait décider seul mais dont l’importance justifie pleinement un débat, fusse-t-il consultatif.

Monsieur le Maire, il est encore temps de changer de cap. Faites vivre notre conseil municipal ou bien assumez de le réduire à un théâtre d’ombres !

*Pour mémoire, le seul rendez-vous que j’ai demandé à Pierre Hurmic depuis le début du mandat m’a été refusé alors qu’il s’agissait d’évoquer le devenir de la dépouille de Michel de Montaigne.

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