Madame la Présidente,
Mes chers collègues,

Je souhaite commencer mon intervention en replaçant les choses dans une juste perspective.

La naissance du grand stade, devenu stade Matmut, a bénéficié d’un large consensus politique : ville, CUB, Région et État ont contribué à son financement grâce à un partenariat public-privé particulièrement favorable pour la collectivité.

Aujourd’hui nous avons, collectivement, de nombreuses raisons d’être fiers de ce grand stade :

  • Il s’agit de l’un des stades les moins chers de France, comme l’a souligné la Cour des comptes.
  • Son architecture est saluée internationalement : primé « plus beau stade du monde » en 2015, et lauréat d’un prix d’architecture en 2016.
  • Il vieillit bien, reste en excellent état, et tous les utilisateurs s’accordent à reconnaître ses excellentes conditions d’accueil.
  • Il tient ses promesses : car sans lui, nous n’aurions pu accueillir l’Euro 2016 de football, la Coupe du Monde de Rugby 2023, les
    Jeux Olympiques 2024, les plus grands matchs de football (équipes de France, Coupe de la Ligue…), de rugby (XV de France, Coupe d’Europe, Top 14…), ainsi que d’une douzaine de concerts d’artistes de premier plan… Ces succès populaires ont rassemblé plus de 6 millions de spectateurs !
  • Son impact économique est réel : 209 millions d’euros pour le territoire selon la CCI de Bordeaux.
  • Sans lui, Les girondins de Bordeaux (indépendamment de leur situation sportive, car un stade ne se construit pas pour dix saisons, mais pour cent ans) ne pourraient bénéficier de ce formidable écrin et des recettes exceptionnelles qu’il génère (pour un club de ce niveau).
  • Enfin, sans lui, l’UBB ne pourrait pas bénéficier pleinement du stade Chaban-Delmas, avec le succès que l’on connait.

Le stade MATMUT a indubitablement contribué enrichir la vie sportive, l’offre culturelle et le rayonnement de notre métropole, en nous faisant vivre d’immenses moments de bonheur.

Aujourd’hui, nous devons cependant faire preuve de lucidité : le modèle économique du contrat initial n’était pas viable à long terme, car trop déséquilibre en faveur de la collectivité. On aurait pu s’en féliciter mais c’était ignorer un risque majeur devenu aujourd’hui réalité : SBA a décidé de rompre le partenariat après avoir activé la clause de revoyure prévue au contrat, face à une situation dégradée en grande partie à cause de facteurs extérieurs : crise sanitaire, difficulté du naming, et surtout effondrement du modèle des Girondins.

Pourtant SBA n’a pas démérité. Bien au contraire, la société a fait preuve d’un grand professionnalisme, tant dans la construction que dans la maintenance ou bien encore l’animation du stade.

Au lieu de chercher à adapter le contrat, à corriger ses déséquilibres et à imaginer de nouvelles formes de collaboration, la majorité actuelle a préféré ignorer les difficultés de son partenaire et nous propose aujourd’hui d’opérer un basculement brutal vers une régie. Cette décision semble davantage guidée par l’idéologie que par la recherche d’une solution pragmatique.

Car finalement, que restera-t-il de ce mandat métropolitain ? Deux décisions phares : le passage en régie de l’eau… et celui du grand stade. Deux décisions symboliques, très politiques, mais peu opérationnelles et risquées dans un contexte budgétaire dégradé.

Comme pour la régie de l’eau, nous craignons que cette nouvelle internalisation montre rapidement ses limites, en entraînant elle aussi son lot de dépassements, d’erreurs de gestion et de désillusions. On ne s’improvise pas exploitant d’un équipement aussi complexe. Organiser des événements internationaux, attirer des tournées, rentabiliser une enceinte de cette taille… cela exige une expérience dont nous ne disposons pas.

Enfin, je veux dire un mot de la parole politique.
En 2020, pendant sa campagne municipale, Pierre Hurmic s’était engagé à vendre le Stade Matmut Atlantique. C’était une promesse forte, répétée dans les médias. Or, non seulement le stade n’a pas été vendu, mais il est aujourd’hui pleinement intégré dans le patrimoine public, sous gestion directe de la Métropole.

Encore une promesse non tenue, une de plus. Et à quel prix ? Celui d’un nouveau transfert de charge pour les finances métropolitaines, dans un contexte où la dette explose (+150 % sur ce mandat), et où notre capacité d’autofinancement est en chute libre.

En conclusion, loin du stade bashing et des postures idéologiques, je veux redire au nom de notre groupe que nous regrettons l’absence d’un dénouement pragmatique et équilibré.
Le Stade Matmut Atlantique est un actif précieux que vous engagez hélas aujourd’hui sur un chemin particulièrement risqué et incertain…

Je vous remercie.

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