Je le dis souvent, le Patrimoine est la première richesse de Bordeaux. En voici une nouvelle preuve : les fouilles préalables à la reconversion de l’ancienne institution des sourdes et muettes (l’ex-commissariat CASTEJA) viennent de faire apparaître une nécropole antique “exceptionnelle”. Nous étions aujourd’hui sur place avec Alain Juppé.
Le site est situé sur l’emprise de l’ancien couvent des catherinettes et de l’ancienne nécropole paléochrétienne de Saint Seurin aussi célèbre au cours des siècles que les Alyscamps à Arles. Cette nécropole se situe au nord-ouest du castrum de Burdigala, à 600 m de l’enceinte antique. Elle s’est implantée le long d’un decumanus avéré (fouille en 1987 à la clinique Tourny) prolongeant la rue Thiac et sortant de la ville en direction du Médoc.
Les fouilles ont dégagé des espaces funéraires distincts sur plusieurs niveaux. Le dégagement de sépultures sur ce site n’est pas extraordinaire, il confirme la continuité géographique, topographique et chronologique de la nécropole de Saint Seurin.
Par contre, la découverte de nombreuses fosses abritant plusieurs corps (de 4 à 10) est exceptionnelle. Ces sépultures collectives sont certainement la réponse à une gestion de crise. Les squelettes, soigneusement rangés dans certaines de ces fosses, ne présentent pas de traumatismes. Il est donc vraisemblable que le décès des personnes ensevelies soit du à une épidémie.
Les vestiges retrouvés dans les sépultures (tegulae, tessons de céramiques et monnaies) devraient permettre très prochainement de dater les inhumations. Des investigations post-fouille à la recherche d’ADN sur les squelettes permettraient également de confirmer la piste de l’épidémie et en connaitre l’origine.
Ce chantier mené, pour le compte de Gironde Habitat, par la société Hadés, sous le contrôle scientifique et technique des services de l’Etat, n’est que le début de plusieurs années d’études. Ces recherches devraient apporter une foule de renseignements sur la population de Burdigala à la fin de l’antiquité : leur état sanitaire, les carences éventuelles, les usures dues aux métiers pratiqués, les maltraitances éventuelles, etc.