
Bordeaux, perle d’Aquitaine, éclatante sous le soleil doré qui se reflète dans la Garonne, ville aux pierres blondes et aux reflets d’antan, témoin de siècles de splendeur et d’innovations. Ses quais majestueux, son architecture envoûtante, son vin qui fait chavirer les âmes et les palais : tout ici respire un art de vivre forgé dans l’équilibre subtil entre héritage et modernité.
Les élus athéniens promettaient de restituer leur cité plus belle qu’ils ne l’avaient reçue. Certes, Bordeaux n’est pas Athènes, et Pierre Hurmic n’a pas fait cette promesse. C’est donc une ville moins belle qu’il nous livrera en 2026. Sous le pinceau de peinture verte se cache une politique aveugle. Bordeaux s’étiole. Son éclat se ternit sous des choix qui semblent dénaturer son âme profonde.
La beauté de Bordeaux réside dans sa capacité à avoir conservé, au fil des siècles, des respirations, du vide, des immeubles bas et ainsi cette si belle lumière « philosophique », comme l’appelait Hölderlin. Mais cette lumière faiblit, étouffée par des décisions imposées sans concertation. On s’acharne à défaire ce que des générations ont su bâtir avec respect et fierté.
De l’élan UNESCO à l’impasse écologique
Là où Bordeaux avait sû lancer une dynamique depuis son classement UNESCO, elle s’empêtre dans l’immobilisme et la décroissance. Un projet urbain ne consiste pas seulement à répondre aux besoins en logements : il doit répondre aux désirs des habitants. L’architecture permet cela. L’urbanisme de demain ne peut être un dogme rigide, il doit être une modernité douce.
Bordeaux est un port, une ville de commerce, une cité dont la richesse repose d’abord sur l’humain. On dit qu’elle a changé. En vérité, c’est le regard des Bordelais qui a changé. D’abord positivement sous Alain Juppé, puis aujourd’hui négativement sous Pierre Hurmic. Ce dernier s’est contenté de vivre sur la rente laissée par ses prédécesseurs, sans impulser de renouveau, sans souffle ni ambition.
Une ville qui regarde l’horizon
Se replier sur la ville, c’est nier son histoire. Bordeaux n’a jamais été une ville fermée : du quartier des Chartrons façonné par des négociants nordiques au quartier Saint-Michel nourri par la péninsule ibérique et le Maghreb, Bordeaux regarde l’horizon. Son rayonnement est planétaire, porté par son vin, par son art de vivre, par son ouverture au monde.
« Bordeaux est une offrande faite par la Garonne à la France », écrivait Camille Jullian. Mais une offrande que l’on néglige finit par se faner. La ville doit évoluer, certes, car « elle a beau être la plus belle, elle finit par mourir, la ville qui s’arrête » (Erik Orsenna).
Rendre Bordeaux à elle-même
Il est temps de redonner à Bordeaux l’élan qu’elle mérite, en écoutant ceux qui la font vivre, en respectant ce qu’elle est et ce qu’elle a toujours été : une ville de liberté, d’excellence et d’harmonie. Je ne veux plus que Bordeaux rime avec fatalité. Fatalité de la saleté, de l’insécurité, de la vie compliquée, des décisions imposées. Bordeaux n’est pas une ville de renoncements. Elle est une ville de rayonnement.