Je crois depuis longtemps que deux causes, liées l’une avec l’autre, éveillent les consciences et soulèvent l’enthousiasme des foules : la lutte pour sauver la planète et la lutte pour sauver la démocratie.

Ces dernières décennies, c’est la lutte pour sauver la planète qui a été la plus active avec les marches pour le climat, les conquêtes électorales des écologistes partout dans le monde, le rôle majeurs des ONG, des scientifiques et des lanceurs d’alertes… Au contraire, les nombreux avertissements qui mettaient en lumière des attaques contre les libertés et la démocratie n’ont pas été véritablement entendus. Les mobilisations historiques que nous connaissions auparavant, telles la religion et la politique, ont quant à elles déclinaient, en générant de la désorientation dans la société moderne.

L’insupportable invasion de l’Ukraine par la Russie nous ouvre collectivement les yeux face aux menaces qui pèsent sur la démocratie libérale. Tout ce que nous ne croyions plus possible dans les faits, comme la guerre en Europe, est en réalité une construction de notre esprit destinée à nous rassurer. Nous nous sommes concentrés, à raison, sur l’impérieuse nécessité de sauver notre maison, la terre, mais nous avons « oublié » de défendre les règles qui organisent notre vie dans cette maison, c’est-à-dire la protection des libertés, le pluralisme, la séparation des pouvoirs et l’état de droit. Autant d’idéaux dont le continent européen est le berceau et que Vladimir Poutine vient de piétiner.

Je ne suis ni manichéen, ni excessif. Alors bien sûr, d’autres combats continueront d’exister, et heureusement : les libéraux contre les conservateurs, les libre-échangistes contre les protectionnistes ou bien pourquoi pas, les capitalistes contre les communistes. Mais ces affrontements n’ont pas le caractère essentialiste des deux luttes citées précédemment qui, elles, consistent à choisir, in fine, entre la vie et la mort. 

Certains voulaient faire rimer « climat et fin du mois ». Je crois qu’il faut dorénavant lier « climat et fin des lois ».

 Je forme le vœu que notre jeunesse notamment, sans renoncer au combat écologique qui doit demeurer toujours aussi vigoureux, soit le fer de lance du mouvement mondial pour protéger les libertés individuelles et le régime démocratique. De ce point de vue, les immenses manifestations observées ces dernières heures partout en Europe donnent de l’espoir. Mais, avant de battre le pavé ou de vouloir s’engager militairement en Ukraine pour certains, le premier acte de soutien à la démocratie, le plus simple, le plus puissant et le moins risqué, c’est d’aller voter ! Ce droit a été conquis par les armes, et c’est face à la brutalité des armes que nous prenons de nouveau conscience qu’il est menacé. Si nous ne faisons pas collectivement preuve d’un sursaut civique, les régimes autoritaires feront de l’abstention une arme pour balayer les démocraties.

Nous avons longtemps cru que notre planète était quasiment éternelle avant de s’apercevoir trop tardivement des dégâts irrémédiables que nous avions causés. Ne commettons pas la même erreur avec la démocratie, un régime minoritaire dans le monde et dans le temps, une conquête jamais définitivement acquise.  

 

Sonnons la mobilisation générale de l’engagement pour la liberté dont nous sommes tous les sentinelles.

Réarmons-nous moralement pour penser l’impensable et ne plus voir le monde tel que nous l’aimerions mais tel qu’il est.

Faisons de l’Union Européenne le bouclier de protection des nations démocratiques.

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