La ville sans la vie

Réaction à la conférence de presse de rentrée de Pierre Hurmic :

“A la rentrée, le maire fait une revue des projets pour Bordeaux. Hier, Pierre Hurmic a essentiellement annoncé des économies d’énergie pour faire face à la hausse des tarifs. La ville est en effet « sur la bonne trajectoire* » depuis une dizaine d’année, mais tous les efforts supplémentaires dans ce domaine sont les bienvenus, pour notre facture, pour notre souveraineté et pour la planète. Mais sans négliger l’importance de la transition climatique, je m’interroge : c’est tout ce que le maire souhaite dire aux Bordelaises et aux Bordelais ?

Une projet municipal dévitalisé

Le maire n’a quasiment abordé aucun autre sujet. Ce choix délibéré reflète une confusion entre la fin et les moyens. Gérer nos ressources n’est pas une fin en soi, c’est un moyen nécessaire pour réussir le projet municipal, dont la substantifique moelle doit demeurer l’épanouissement, la fraternité, la réussite, l’apprentissage des savoirs, le partage des émotions, les gens… la vie, tout simplement !

Or, pas un mot pour l’éducation, les associations, la santé, la culture, le sport, la vie quotidienne, les projets dans les quartiers, les séniors ou les jeunes ; rien non plus concernant la sécurité (une priorité des Bordelaises et des Bordelais !), le monde économique, le fleuve ou bien encore la filière viticole. Pierre Hurmic porte un projet municipal dévitalisé, au sens premier du mot : privé de ton tissu vital.

On ne fait pas un projet urbain avec des jardinières et un pot de peinture jaune

Bien sûr, un projet urbain n’est pas non plus un catalogue de mesures : il doit dessiner un cap suffisamment puissant pour rassembler toute la ville, acteurs et citoyens. Ce fut le tram, les quais et les nouveaux quartiers. Mais aujourd’hui, alors même que le monde tremble et que les crises se succèdent, Bordeaux a perdu sa boussole. Et on ne fait pas un projet urbain avec des jardinières et un pot de peinture jaune, ou même des économies d’énergie. Sans compter que parmi les 134 projets promis par les écologistes dans les quartiers, beaucoup sont abandonnés (j’y reviendrai prochainement). 

Une capitale régionale isolée

Enfin, ce projet politique n’ignore pas seulement les gens, il fait fi de tout ce qui entoure notre ville, dans un élan d’égoïsme souvent justifié par la lutte contre le réchauffement climatique. Ainsi, le maire se félicite que la pollution baisse de 30% sur les boulevards, sans se soucier des habitants des rues proches qui reçoivent le trafic déplacé et les gaz d’échappement qui vont avec. Ou bien encore, on vise 41% d’autonomie d’énergétique en 2026, en oubliant de préciser que ceci n’est possible qu’avec une production d’électricité via le nucléaire auquel la plupart des écologistes s’opposent toujours (un temps pour préférer le gaz…) en demandant la fermeture de la centrale de Blaye.

Bordeaux est une capitale, observée et responsable, qui ne peut se contenter de reporter ses problèmes sur les autres.

Je regrette aussi le matraquage fiscal des classes moyennes (notamment) qui se dessine. Après avoir voté une hausse des tarifs municipaux (cantine, musées…), Pierre Hurmic annonce qu’augmenter les impôts est « une possibilité » (sic !). Alors que le pouvoir d’achat des Françaises et des Français s’effondre, la mairie nous fait les poches. Avec le groupe Bordeaux Ensemble, nous demandons un gel des tarifs et une baisse des impôts (comme en 2019).

Après deux ans de mandat, Pierre Hurmic semble n’avoir rien d‘autre à offrir que du vent et des arbres. Mais la critique ne suffit pas, nous avons besoin idées neuves pour sortir de cette gestion d’abord idéologique, qui ignore ou complique la vie des gens. Aussi j’aurais l’occasion très prochainement de faire des propositions pour que Bordeaux renoue avec un développement harmonieux.”

*Date à partir de laquelle nous avons réduit drastiquement la consommation d’eau (7 fois moins en 2020) et d’énergie (généralisation des LED pour l’éclairage publique).