Madame la Présidente,
Mes chers collègues,

Je souhaite profiter de l’examen de ce Compte administratif, dont les chiffres confirment la dégradation préoccupante de nos finances métropolitaines, pour attirer votre attention sur une décision qui, au regard de la situation budgétaire, semble tout simplement incompréhensible.

Je parle ici du marché public lancé par la Régie de l’eau de Bordeaux Métropole pour la conception, la fabrication et la production d’une carafe en verre siglée “Eau de Bordeaux”, pour un montant total de 480 000 euros TTC. Près d’un demi-million d’euros d’argent public.

Personne ne conteste ici l’importance stratégique de l’eau dans nos politiques publiques. C’est un bien commun vital, qui doit être protégé et accessible à tous. Et nous sommes évidemment tous engagés dans la lutte contre la prolifération des bouteilles en plastique, néfastes pour l’environnement.

Mais comment justifier un tel projet dans le contexte actuel ?
L’idée de lancer un concours de design auprès des écoles d’art bordelaises peut, lui, s’entendre sur le plan pédagogique. Mais que le résultat de ce concours débouche sur une production à grande échelle, financée par les contribuables, interroge profondément.

Concrètement, à quoi bon cette carafe ?
Les Bordelais, les restaurants, les cantines, les cafés… disposent déjà de carafes, de gourdes, de bouteilles réutilisables. Ce n’est pas un bel objet de plus qui changera les comportements. Ce qui fait la différence, c’est notre capacité à mieux communiquer sur la qualité de l’eau du robinet. C’est là qu’est le frein majeur pour beaucoup de nos concitoyens.

Le plus choquant reste l’arbitrage budgétaire :
480 000 euros, cela correspond à environ 217 549 m3 d’eau (au prix pratiqué par la régie), soit la consommation annuelle de 1500 foyers, soit 87 piscines olympiques.

Est-ce bien là notre conception d’une politique publique responsable et juste ?

Nous parlons ici d’une Régie qui dépend directement de la Métropole, donc de vous, Madame la Présidente. Vous ne pouvez pas ignorer ce projet ni vous en défausser. Je note d’ailleurs que, pour tenter de justifier cette dépense, il a été avancé que nos élus du groupe Métropole Commune(s) avaient validé ce projet. Je le dis ici publiquement : c’est faux. Nos élus n’ont pas participé au jury de sélection et n’ont jamais validé cette opération.

Enfin, le fond du sujet, c’est la nécessité d’un retour à la raison dans l’usage de l’argent public.
Dans un contexte de dette galopante, d’explosion des dépenses de fonctionnement, d’écroulement de l’épargne métropolitaine, chaque euro compte. Les citoyens attendent de nous de la sobriété, de la rigueur, de la hiérarchisation des priorités. Ce projet n’est ni raisonnable, ni prioritaire, ni utile.

Je vous demande donc, au nom du bon sens, de renoncer à cette opération ou, a minima, d’en revoir l’ampleur. Il en va de l’image de la Métropole et de sa régie de l’eau.

Je vous remercie.

Recommended Posts