
Depuis quelques semaines, les débats budgétaires ont débuté sous la seule responsabilité des parlementaires puisque le gouvernement a renoncé à l’article 49 alinéa 3. Un exercice à la fois inédit et périlleux pour une Assemblée jusque-là habituée à se conformer.
À ce stade, il est difficile d’en tirer quelque chose tant les discussions semblent confuses, proches d’un loto de village où chacun espère remporter son lot pour faire la fierté de sa famille, ou, en l’occurrence, de ses électeurs. Les partis politiques se félicitent tour à tour de leurs victoires et de leurs revers infligés aux autres. Les Français, eux, doivent avoir bien du mal à s’y retrouver dans ce que l’on pourrait qualifier, sans exagération, de véritable « foutoir ».
Le bloc de gauche, quant à lui, a littéralement implosé. Il paraît désormais impossible d’imaginer une future alliance entre un Parti socialiste émancipé cédant à la folie des grandeurs, et une France Insoumise sectaire, refusant tout compromis, voire tout débat raisonnable. Même leur surenchère fiscale commune ne suffit plus à les réunir, tant les déchirements entre députés insoumis et socialistes se multiplient, dans l’hémicycle comme sur les plateaux télévisés. De fait, constatons l’inconséquence du Parti socialiste, promoteur de l’irresponsabilité budgétaire. Par cette attitude, ils démontrent leur volonté d’éviter toute forme de compromis au profit d’une vision unilatérale de leurs seuls intérêts militants.
Venons-en d’ailleurs à leurs propositions économiques et fiscales. Qu’on se le dise : elles se limitent à une accumulation de taxes aveugles sur tout ce qui peut encore l’être. Une véritable folie fiscale s’est emparée de ces parlementaires, et cela pose un problème pour au moins deux raisons.
D’abord, ces mesures ne sont ni ciblées ni réfléchies. La désormais célèbre « taxe Zucman » en est l’exemple parfait : elle pénalise directement l’investissement et l’outil de production des entreprises. Dans le pays aux prélèvements obligatoires les plus élevés du monde occidental, cela paraît pour le moins inconcevable.
Ensuite, elles négligent un levier essentiel d’augmentation des recettes publiques : la hausse de la production. Rien, dans le projet de la gauche, ne favorise la productivité des entreprises, pourtant indispensable pour soutenir la croissance et améliorer durablement les recettes fiscales.
Du côté de la droite républicaine, les députés s’efforcent d’amender le texte comme ils le peuvent, mais sans réelle cohérence. Certains, qui s’étaient opposés à la réforme des retraites en 2023, se posent aujourd’hui en ardents défenseurs de celle-ci, faisant de sa suspension, négociée avec le Parti socialiste par le gouvernement, une ligne rouge du débat budgétaire. Un brin Tartuffe.
Quant à l’extrême droite, elle illustre le populisme à l’état pur : des discours électoralistes promettant la protection des classes populaires d’un côté, et de l’autre une précipitation irresponsable du pays et de ses finances publiques dans le vide. Son contre-budget tient davantage de la liste de courses griffonnée sur un coin de table que d’un véritable projet crédible.
Parmi les propositions les plus inquiétantes : des coupes dans les subventions aux associations jugées « non conformes à l’intérêt général », une notion qu’ils se réservent bien sûr le droit de définir eux-mêmes. Mais alors, qu’est-ce qui, selon eux, ne relèverait pas de l’intérêt général ? L’égalité femmes-hommes ? La lutte contre la xénophobie ? La protection du climat ? Si leur conception est la même que celle qu’ils appliquent au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, où je siège, les associations culturelles, sportives et écologiques ont de quoi s’inquiéter.
Autre perle de leur vision budgétaire : une réduction brutale de 5 milliards d’euros sur la dotation globale de fonctionnement des collectivités locales. Je laisse aux futurs candidats du RN le soin d’expliquer ce choix aux habitants des communes où ils se présenteront. Et bien sûr, demeure leur éternelle obsession : les prétendues « économies » miraculeuses sur l’immigration ou sur les agences de l’État. Les rapports officiels montrent pourtant que, pour ces dernières, les économies possibles ne dépasseraient pas 500 millions d’euros… face à un déficit public de 160 milliards. Autant dire, un coup d’épée dans l’eau.
Dans ce contexte, je suis fier d’appartenir au Mouvement Démocrate. Sans l’alerte constante et salutaire de François Bayrou sur l’endettement excessif de la France et le fardeau qu’il fait peser sur les jeunes générations, personne n’en parlerait aujourd’hui. Le groupe des députés Démocrates, lui, maintient un cap clair : celui de la responsabilité et de la justice.
Nous proposons un gel de la masse salariale de l’État et de ses opérateurs publics, parce que chaque euro dépensé doit désormais être un euro utile. Cette mesure, loin d’être technocratique, traduit une exigence : celle de maîtriser nos finances sans renoncer à l’efficacité de l’action publique.
Dans le même esprit d’équité, nous défendons la création d’une contribution exceptionnelle sur les holdings patrimoniales et les très grandes fortunes, afin que l’effort de redressement soit partagé par tous, et d’abord par ceux qui en ont les moyens. C’est cela, la justice fiscale : non pas punir la réussite, mais rappeler que la prospérité oblige. Enfin, nous croyons que la croissance ne se décrète pas ; elle se construit. C’est pourquoi nous voulons alléger les charges pesant sur les PME qui investissent dans la transition énergétique ou l’innovation locale. En soutenant ceux qui innovent et créent sur nos territoires, nous préparons une prospérité durable, partagée et écologique.
Voilà notre boussole : responsabilité budgétaire, équité fiscale et confiance dans les forces vives du pays.
Souvent caricaturé comme « mou » ou « inexistant », le centre, incarné par le MoDem, agit pourtant avec raison et nuance. La tentation de la radicalité est grande, surtout parce que nous n’avons pas toujours su écouter les citoyens. Mais cette radicalité n’est qu’un accélérateur du déclin et du désespoir. La France dispose encore de nombreux atouts, quoi qu’en disent les extrêmes.
Il est toujours possible de retrouver le chemin de la puissance, à condition que chacune et chacun, dans son rôle, fasse preuve de confiance, de dignité et d’humilité.



