
En juillet dernier, j’alertais déjà sur le projet de solarisation du toit de la base sous-marine. Je dénonçais un projet sans ambition, techniquement fragile, qui sacrifiait l’avenir de ce site exceptionnel. Je pointais deux dangers majeurs : une structure inadaptée et une étanchéité compromise. J’ajoutais enfin que l’entreprise retenue n’avait aucune expérience comparable, ce qui constituait un pari risqué pour un monument emblématique de Bordeaux.
Trois mois plus tard, les faits me donnent tristement raison. La société EverWatt, via sa filiale BoucL Énergie, vient d’être placée en liquidation judiciaire. Autrement dit, l’opérateur choisi par la Ville pour poser 6 500 panneaux photovoltaïques sur 13 000 m² de toiture n’est plus en mesure d’assurer le chantier. L’un des projets phares de la mandature de Pierre Hurmic est désormais à l’arrêt, et nul ne sait quand ni comment il pourra reprendre.
Ce fiasco était évitable. Comment la municipalité a-t-elle pu sélectionner une entreprise déjà en cessation de paiements depuis le 31 mars, puis organiser en grande pompe une inauguration… une semaine avant sa liquidation ? C’est non seulement de l’amateurisme, mais aussi une véritable tromperie envers les Bordelais.
Le résultat est clair : il faudra relancer un appel d’offres, perdre du temps et de l’argent, et revoir un projet qui n’était déjà pas à la hauteur. Cette situation doit être l’occasion d’un sursaut. J’appelle la Ville à revenir au cahier des charges initial : financer en priorité l’étanchéité du toit, sécuriser le bâtiment, et maximiser la production d’énergie en exploitant tout le potentiel de la surface disponible. Ce n’est qu’à ces conditions que la base sous-marine pourra devenir un projet écologique, économique et patrimonial exemplaire.
La transition énergétique exige sérieux et vision. Bordeaux ne mérite pas des effets d’annonce suivis de fiascos. Bordeaux mérite des projets solides, ambitieux et durables.