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Trois mois dans la campagne d’Emmanuel Macron

Journal d’une campagne fantôme

Fabien Robert, en collaboration avec Hervé Mathurin

Éditions L’Harmattan

-VIDÉO -
Retrouvez la présentation du livre chez Mollat

Le livre

Élu local membre du Mouvement démocrate, Fabien Robert rejoint l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron au début de l’année 2022. Dans ce journal, il nous dévoile les coulisses d’une campagne présidentielle singulière, marquée par la montée des populismes et bouleversée par la guerre en Ukraine.

Au fil de l’eau, entre Paris et Bordeaux, nous découvrons une mécanique électorale où chaque rouage est un militant, car la politique est d’abord un sport d’équipe. Engagé derrière Emmanuel Macron, Fabien Robert n’en demeure pas moins libre lorsqu’il commente la campagne et les tiraillements inhérents à la politique.

En partageant ainsi son quotidien, ses doutes et ses espoirs, l’auteur nous rappelle qu’en démocratie, avant d’exercer le pouvoir, il faut le conquérir. Un combat lors duquel rien n’est jamais acquis.

Extraits

Jeudi 3 février

Objectif atteint

Dès la 2e publication du Conseil constitutionnel, nous obtenons les 500 signatures pour Emmanuel Macron, avant même que celui-ci ait déclaré sa candidature. Il y a très exactement à ce jour 524 parrainages dont le mien au titre de conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine. Mais nous fixons un mot d’ordre : pas de triomphalisme. 

Nous savons très bien que nous n’aurons pas le plus grand nombre de parrainages à la fin des fins, les partis de la majorité présidentielle n’ayant pas véritablement réussi leur ancrage local, allant de défaites en raclées lors des élections intermédiaires. Autrement dit, si vous êtes assuré de perdre la course, mieux vaut expliquer que ce n’est pas une course.

Pour autant, je suis un inquiet. Et si Marine Le Pen, pour l’instant à 35 parrainages,Éric Zemmour (58) et Jean-Luc Mélenchon (100) ne pouvaient pas se présenter ? Il y aurait forcément de l’indignation chez leurs partisans et dans la société. Or, l’indignation est un poison qui viendra faire le jeu de celles et ceux qui veulent renverser la table pour le plaisir de renverser la table.

 

 

 

Mardi 8 mars

Un nouveau théorème

J’apprends le matin l’existence d’un meeting avec Emmanuel Macron à Pau le 17 mars. Je m’en réjouis, mais ce meeting n’est pas encore vraiment confirmé. L’autre actualité de cette matinée, c’est la grogne des députés qui n’ont pas été associés à la première journée de campagne, hier. Chacun, à son niveau, va s’employer à les rassurer : François Bayrou s’en charge pour le groupe MoDem et Grégoire Potton fait le tour des groupes pour leur rappeler le rôle essentiel qu’ils doivent jouer pendant la campagne. Sur le terrain, pas en collant aux basques du candidat, qui ne souhaite pas se déplacer entouré d’un essaim de ministres et de parlementaires. Il leur est notamment rappelé que le président les réunira mercredi soir. Bien sûr, je comprends qu’ils soient irrités de n’avoir pas été conviés lors de cette première journée de campagne, mais je trouve leur réaction démesurée, enfantine. Et j’en arrive à cette conclusion à partir de laquelle j’énoncerais un théorème : plus on est haut dans les sondages et plus c’est la pagaille interne dans une campagne, car tout le monde fait comme si c’était gagné et pense à la suite.

(…)

Le soir, on apprend qu’un sondage nous place au premier tour à 33,5 %. C’est plus vertigineux que réjouissant. Car, en vérité, si la situation internationale révèle la stature d’Emmanuel Macron, nous devons avoir conscience de la fragilité de cette poussée dans les sondages. Ce que l’on gagne sur une situation extérieure, on peut le perdre à tout moment. Et puis j’imagine qu’avec une telle envolée, en vertu de mon nouveau théorème, la pagaille dans les troupes va augmenter.

Lundi 21 mars

Président cherche candidat

Comme tous les deux jours, je démarre à 8 h 30 par le comité directeur de la campagne, en visio depuis Bordeaux. Je constate qu’il n’y a toujours pas assez de temps de campagne avec le candidat. Personne ne semble s’en inquiéter, en tout cas publiquement, d’autant que les sondages sont bons. Personnellement, il m’a toujours semblé qu’être haut dans les sondages, et même gagner une élection, avait peu à voir avec le fait d’avoir raison. Mais ce raccourci fait commettre bien des erreurs. En réalité, dans les couloirs, on commence à se questionner. Emmanuel Macron est certes accaparé par ses missions de président, mais les Français seront-ils compréhensifs ? Pendant ce temps-là, nos concurrents organisent des meetings, des déplacements et des conférences de presse chaque jour. Ne pas abîmer la stature du président en le plaçant au-dessus des autres candidats est une tactique extrêmement courante, mais nous en touchons les limites.

On essaye de contrebalancer cette absence sur le terrain par l’action des porte-voix comme Édouard Philippe, Jean-Michel Blanquer ou Gabriel Attal. Je prends la parole pour attirer l’attention sur deux sujets, liés à mes discussions de la veille : la question des seniors, sensibilisés par l’augmentation de la CSG et les 10 milliards prélevés sur les collectivités locales. Je réclame un argumentaire, des éléments de langage comme on dit.

 

On se rend compte que le porte-à-porte ou le phoning ne fonctionnent plus comme en 2017. Ce qui marche à l’échelon local ne marche plus pour la présidentielle, faute d’envie des militants. Ce n’est pas le bon outil.

On nous annonce un grand meeting pour le samedi 2 avril, à Paris. Sa préparation va constituer une grosse partie du travail de la semaine. L’analyse des sondages nous indique que Marine Le Pen résiste bien. Pourtant, elle n’a pas changé, mais joue plutôt bien un rôle d’acteur-studio pour faire croire que le loup s’est transformé en grand-mère. Et ce voile-là, à nous de le lui retirer.

 

 

 

Lundi 11 avril

Analyser, riposter, accélérer

Le second tour est dans deux semaines. Et c’est en réalité une nouvelle campagne qui débute. Les observateurs rappellent que chaque élection présidentielle apporte sa surprise. En 2022, la surprise est qu’il n’y a pas de surprise : le second tour opposera les mêmes candidats qu’en 2017. Mais ce n’est pas pour autant « le même » second tour : Emmanuel Macron a de solides opposants alors que Marine Le Pen a tout fait pour lisser son image.

Ce lundi 11 avril marque la véritable entrée en campagne d’Emmanuel Macron avec une multiplication des déplacements et des annonces programmatiques. Il nous est demandé de nous concentrer sur la rédaction d’argumentaires contre le projet de Marine Le Pen. Elle a plutôt réussi jusque-là à se cacher en profitant de la présence de douze candidats. Mais c’est désormais un face-à-face qui doit nous permettre de révéler au grand jour la catastrophe que représente son programme.

Répéter qu’elle est toujours d’extrême droite, qu’elle n’a pas changé, est nécessaire mais insuffisant. Nous ne sommes plus en 2002 ni en 2017 : le front républicain est désormais inopérant.

L'auteur

En parallèle de ses études en économie et en sciences politiques, Fabien Robert s’engage aux côtés de François Bayrou. En 2008, c’est sous l’aile d’Alain Juppé qu’il fait ses premiers pas en politique en tant qu’adjoint au maire de Bordeaux, puis comme 1er adjoint. Il est élu conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine en juin 2021.

Depuis 15 ans, il enseigne la communication publique et politique à l’EFAP, l’École des nouveaux métiers de la communication.

En collaboration avec Hervé Mathurin
Hervé Mathurin a été journaliste à Sud Ouest de 1974 à 2014. Trente ans comme reporter sportif puis dix ans comme généraliste. Il est l’auteur de deux livres sur le Tour de France cycliste (dont un en collaboration), de six livres d’entretien avec des personnalités politiques bordelaises (dont Fabien Robert), et d’un livre sur les élections municipales de Bordeaux en 2020 (“Chronique d’une victoire historique”). Enfin, il vient de publier son dernier ouvrage : “Profession :  reporter sportif” (Dossiers d’Aquitaine).

© Crédit photo : JEAN MAURICE CHACUN et GUILLAUME BONNAUD (Sud Ouest)

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