Un climat de suspicion règne sur les débats qui entourent le devenir du stade MATMUT Atlantique. C’est assez insupportable et surtout totalement infondé. A l’heure où la société gestionnaire SBA a décidé d’activer la clause de revoyure pour demander un nouvel équilibre économique dans le contrat qui la lie à Bordeaux Métropole, il me semble important de remettre « le stade au milieu du village » sur ce sujet.

D’abord, nous avons plusieurs raisons d’être fiers de ce stade :

-son coût : l’un des moins cher de France selon la Cour des comptes;

-son esthétique : il est beau, ce qui est rare pour un stade et ce n’est pas subjectif puisqu’il a été primé (plus beau stade du monde en 2015 par le jury site stadium ; prix de la plus belle architecture en 2016) ;

-son très bon état de conservation : il vieillit bien ;

– la qualité de son exploitation :  tous les utilisateurs s’accordent à reconnaître qu’il est très fonctionnel et qu’il offre des conditions d’accueil optimales ;

-il tient ses promesses : 110 matchs, 2 millions de spectateurs en 6 ans, 100 séminaires…

– son impact économique sur le territoire : 209 millions d’euros en 2019 selon la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux.

-enfin, les perspectives pour 2022 et 2023 sont positives, malgré la crise : coupe du monde de Rugby, différents concerts (Mylène Farmer, Soprano… notre stade sera d’ailleurs installé en format « 50 000 spectateurs » pour la première fois !)

Alors arrêtons le stade bashing !

L’argument de la faible fréquentation lors des matchs des Girondins ne me semble pas vraiment recevable : on ne construit pas un stade pour 2, 3 ou 10 saisons mais pour 100 ans.

Je rappelle par ailleurs que la naissance de ce stade a bénéficié d’un large consensus politique tant lors de sa construction (soutenue financièrement par la ville, la CUB, la région et l’État) que lors de son transfert à la Métropole. Certains ont eu la constance d’être toujours contre. 

Néanmoins, il faut avoir la lucidité de le reconnaître : le modèle économique du contrat n’est pas viable à terme. Pourquoi en sommes-nous là ?

D’abord parce que la ville a bien négocié en faisant une (trop ?) bonne affaire. Ensuite, parce que SBA a sous-estimé certains postes de dépenses. Par ailleurs, certaines mutualisations de charges avec les Girondins n’ont pas été effectivement mises en œuvre. Enfin, le naming du stade a été moins lucratif que prévu (même si MATMUT est une partenaire bienveillant dans cette période difficile) et l’UBB ne souhaite plus, pour le moment, revenir jouer au stade.

A noter également l’énorme impact de la crise sanitaire : -89% et -79% de chiffre d’affaires en 2020 et en 2021.

Cette situation est-elle totalement anormale ? Non, je ne le crois pas, car lorsque l’on conclue un contrat pour 30 ans, il y a forcément des inconnues. Il est impossible de prévoir exactement le contexte économique. C’est la raison pour laquelle nous avons prévu une clause de revoyure aujourd’hui activée par SBA.

Enfin, et c’est le plus important : comment sortir de cette situation ?

Pour cela, nous devons répondre à deux questions majeures :

  • La puissance publique doit-elle rester propriétaire de ce stade à la fin du partenariat ?

Je réponds plutôt oui (sans être fermé à une autre hypothèse) car un équipement public de cette nature est en réalité un service public. Par ailleurs, et sans aucune considération idéologique, qui voudrait acheter un outil déficitaire ?

  • Devons-nous accepter de réviser le contrat ?

C’est la demande de SBA. Et je pense que c’est le bon sens, à condition de pas brader les intérêts de la métropole naturellement. Pour résorber le déficit structurel, plusieurs pistes sont à étudier de mon point de vue :

> réviser le périmètre du contrat :

SBA est un partenaire qui fait bien son travail d’exploitant, notamment via son expérience dans la gestion des stades. Il favorise la venue de grandes tournées internationales. S’en priver serait dommageable.

Mais cela n’interdit pas de nouer de nouveaux partenariats :

– – – – – -avec les Girondins d’abord, grâce à un partenariat très privilégié et « gagnant-gagnant » qui viserait notamment à supprimer certaines fonctions supports aujourd’hui en doublons (suivi de la pelouse, commercialisation de la publicité et des espaces d’hospitalité…). Il serait sans doute possible également d’augmenter les recettes commerciales grâce à des ventes de prestations groupées.

– – – – – -avec l’UBB ensuite. La résidence de notre équipe de rugby, c’est Chaban, pas question de remettre cela en cause. Mais, certains matchs complets à Chaban pourraient accueillir plus de supporters au MATMUT. Qui trouverait cela dommage ? Dès lors, et sans jamais rien imposer à l’UBB, je pense qu’il faut favoriser un nouveau dialogue entre l’UBB et SBA afin de trouver une solution commerciale acceptable par les deux parties.

 >réviser l’équilibre du contrat :

C’est le sujet le plus délicat et, une discussion étant amorcée entre la métropole et SBA, je ne rentrerai pas dans les détails pour ne pas affaiblir la métropole. Mais j’ai toute confiance en Alain Anziani pour mener cette discussion à son terme. Je crois que nous n’avons aucun intérêt à ce que SBA dépose le bilan.

Enfin, deux sujets de fond de la responsabilité de la ville et de la métropole doivent être mis en chantier :

– – – – – -d’abord, l’aménagement des abords du stade : je pense qu’il y a du potentiel pour créer une zone d’aménagement économique et sportive pour générer des activités voisines et complémentaires ;

– – – – – -ensuite les accès lors des matchs et évènements : sujet complexe mais tout le monde s’accorde à reconnaître que malgré les moyens consacrés, les circulations du public ne sont pas suffisamment fluides.

Loin des propos d’estrades, voici ma contribution au débat sur le devenir du stade MATMUT Atlantique.

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