Monsieur le Président,

Mes cher(e)s collègues,

 

Dès les années 90, avec la réalisation du premier tronçon de LGV « Paris-Tours », et plus encore depuis 2017 avec la mise en service de la ligne « Tours-Bordeaux », personne n’imagine un seul instant que cette infrastructure nouvelle s’arrête à Bordeaux, faisant de notre métropole une impasse. Et c’est grâce à la mobilisation politique et financière de l’État, reconnaissons-le, que nous pouvons aujourd’hui nous retrouver pour débattre et voter la réalisation des tronçons vers Toulouse et vers l’Espagne (GPSO).

Je ne reviendrais pas en détails sur les nombreux arguments qui plaident évidement pour la réalisation de GPSO, mais j’insisterai sur 3 aspects :

-d’abord, et on ne le rappellera jamais assez : le train émet 50 fois moins de CO2e que la voiture et 80 fois moins que l’avion. Le TGV est donc un moyen de transport compatible, et même déterminant, si nous voulons réaliser la transition écologique ;

-ensuite, il est absurde d’opposer train du quotidien et train à grande vitesse, au moins pour deux raisons : d’abord parce que le TGV est aussi un train du quotidien (qui relie Bordeaux à Arcachon, Angoulême ou bien encore Libourne) ; ensuite parce que pour développer des trains du quotidien, en l’occurrence notre projet de RER métropolitain, nous avons besoin à la fois d’une nouvelle ligne pour décharger la ligne existante, mais également de réaliser les aménagements ferroviaires du sud de Bordeaux, dont nous ne pouvons pas décemment assumer seul le coût financier.

-enfin le succès de la ligne LGV « Tours-Bordeaux » ! Les trains INOUI et OUIGO sont pleins. Qui regrette le temps où nous étions à 3h30 de Paris ?

Mais au-delà de ces arguments, je voudrais insister sur ce que représente GPSO. Ce n’est pas simplement un projet d’infrastructure. Si ce débat marque un tournant majeur dans l’histoire de notre métropole, c’est aussi parce que ce projet nous place face à plusieurs questions aujourd’hui essentielles.

En effet, GPSO questionne d’abord notre ambition en matière de développement économique. Avec deux conceptions qui s’opposent radicalement :

-d’un côté la décroissance, si chère au cœur de Sandrine Rousseau (et des écologistes bordelais visiblement…), avec, en toile de fond, cette vieille idée malthusienne qui consiste penser que l’on serait plus heureux en étant moins nombreux ;

-de l’autre côté, la croissance durable, celle que nous défendons considérant que la création de richesse n’est pas incompatible avec le respect de l’environnement, des entrepreneurs nous le prouvent chaque jour.

GPSO questionne également implicitement notre rapport au progrès. Avec d’un côté ceux qui craignent la technique (nous l’avions déjà pressenti avec le débat loufoque sur la 5G…) et de l’autre, celles et ceux qui comme nous, considère que le progrès technique est l’une des clefs de la réussite en matière écologique.

Et puis, ne nous privons pas de le rappeler, le TGV est l’un des fleurons de l’industrie française !

Enfin, GPSO nous place face nos responsabilités en matière d’aménagement du territoire et de solidarité entre les territoires, tant au niveau infrarégional qu’au niveau européen. Nous n’avons nullement le droit de refuser l’accès au TGV à nos voisins du sud de la région Nouvelle-Aquitaine et de la région Occitanie.

En réalité, GPSO aura permis de révéler les graves fractures idéologiques qui parcours la majorité métropolitaine (PS, EELV, PC…), et au-delà de notre assemblée, et en vérité de la France tout entière à l’approche de 2022. Ce débat est noble.

En revanche, la position du Maire de Bordeaux, qui sur ces trois questions importantes, a choisi la décroissance, le refus du progrès et l’égoïsme territoriale, entraine notre ville chaque jour un peu plus sur le chemin du déclin.

Bordeaux est isolée, isolée comme jamais.

Isolée politiquement, nous le voyons bien aujourd’hui avec ce vote qui met en minorité le maire de Bordeaux. Cela aura nécessairement des conséquences sur l’influence de notre ville, dans la métropole et au-delà.

Mais surtout isolée géographiquement par des décisions (comme des plans de circulations kafkaïens, une croisade contre la voiture et, dernière novation en date, étudier la mise en sens unique de la route de Toulouse…) à l’image du refus de GPSO, qui viennent chaque jour un peu plus bunkériser Bordeaux.

Si l’on continue sur ce chemin du déclin, il n’est pas si éloigné que cela le temps où nous perdrons des habitants après s’être pourtant battu pour devenir la ville la plus attractive de France, un comble.

Lorsque l’on connait l’histoire de Bordeaux, ville portuaire ouverte sur le monde, lorsque l’on observe son développement salué de tous ces 20 dernières années, on mesure à quel point la position de Pierre Hurmic aujourd’hui est un grave contre-sens historique. 

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