Ces derniers mois, ils sont comme des papillons qui volent et s’envolent autour de moi. Ils ont fini par s’immiscer un peu partout dans mes carnets de notes, dans mes dossiers, au fond d’une poche intérieure de veste, dans mon porte cartes…
Ces petits bouts de papier, découpés ou recopiés, sont des poésies complètes ou extraites, sans véritable logique, au gré des envies et des rencontres du quotidien.

Lire de la poésie ne demande aucun pré requis.
Il suffit de laisser glisser ses yeux sur des lignes de mots plus ou moins régulières, sans rien rechercher de logique ou d’attendu.
Reposant. Apaisant. A mille lieux du lot d’interminables notes que l’activité municipale me livre quotidiennement.
En politique, une actualité chasse l’autre.
Au contraire, jamais l’empreinte d’une poésie ne disparaît complètement, même des mois après, dès lors que vous avez pris le temps de la découvrir.

On ne comprend bien un poème qu’en l’apprenant.
En le survolant, la magie des mots n’opère que légèrement.
Lire et relire permet de ressentir l’émotion.
Mais, seule la répétition propre à l’apprentissage donne à ressentir, corps et esprit unis, la puissance chantante des mots du poète.

Ecoutez-vous prononcer ces vers et ressentez :

– « Pâle dans son lit vert ou la lumière pleut » (Le dormeur du Val, Arthur Rimbaud). Cet alexandrin magnifique d’Arthur Rimbaud, par l’allitération des L, nous fait sentir l’humidité et la rosée autour du soldat blême.

– « Nous étions là mourant de la mort des étoiles » (Il est grand temps de rallumer les étoiles, Guillaume Apollinaire). Le rythme saccadé d’Apollinaire et le grondement du R font ressurgir intérieurement le chaos des bombardements de la Grande Guerre.

Villon, Mallarmé, Baudelaire, Verlaine… tant d’étoiles que j’observe en tentant d’en percer les mystères.

Les vides de mon quotidien marchant dans une rue, rêvant par la fenêtre d’un tramway, distrait en réunion, ne le sont plus vraiment. Lire et réciter intérieurement des poésies est devenu mon petit rituel, de plus en plus difficile à garder intime tant mes papillons s’envolent un peu partout pour, peut-être, de nouvelles idylles.
Volez !

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